> Les numéros > Scumgrrrls N° 2 - Automne/ Fall 2002

Porno chic pour activisme bof

Décidément l’argument du dénuement pour montrer des femmes nues a bonne presse. Gaia édite ce mois-ci un calendrier où posent nues quelques top-models belges. Censées représenter les animaux dans les sévices qu’ils subissent, ces femmes donnent plutôt l’impression de poser pour un magazine porno SM chic.

Beau prétexte que les droits des animaux pour se rincer l’œil et vendre de la pornographie qui rapporte. Et bien sûr, la presse en cœur avale l’argument et fait en première page (La Dernière Heure du 22 octobre 2002 en fait son événement du jour) la publicité du torchon. Comme si elle pouvait décemment croire que les hommes qui achèteront le produit ne le feront que pour aider le sort de ces pauvres bêtes (les animaux, je veux dire…).

Aucun journal n’a protesté, n’a dénoncé l’exploitation du corps de ces femmes, alibi à la libération des animaux. Dans la Dernière Heure, un responsable de Gaia explique : « il est impossible, continuellement, de montrer des images atroces d’animaux qui souffrent. Les gens ne le supportent pas toujours et préfèrent détourner les yeux ». Par contre, l’exploitation du corps des femmes n’a jamais incité personne à détourner les yeux, mais plutôt à ouvrir son portefeuille. « Pourquoi sont-ils nus ? » poursuit ce responsable « Ils sont comme les animaux, dans toute leur vulnérabilité ». Belle hypocrisie, surtout si l’on pense à la rentrée financière que cette « vulnérabilité » genre porno-soft va rapporter à l’association. La pratique est courante chez ces associations défendant les droits des animaux : c’est la campagne anti-fourrure anglaise Lynx qui fut la première à user de cette stratégie en 1985 (notons que le modèle n’est pas nu).

En 1995, certaines top modèles s’associèrent à la campagne de PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) ; cette fois elles sont nues mais accompagnées du slogan “Je préfère être nue que de porter de la fourrure”. Ici, il reste une once d’initiative, de provocation. Le corps des femmes n’est pas substitué à l’animal, il refuse de se vêtir de fourrure, il ne subit pas, il agit...c’est une belle différence ! En tout cas, fourrure ou pornographie, c’est une industrie qui marche à plein rendement. Et les droits des animaux ont bon dos. Quant aux droits des femmes, plus personne ne sait ce que cela veut dire… Petit détail croustillant ; sur les images montrées en primeur à la presse, un seul homme nu apparaît dans le rôle d’un taureau lors d’une corrida. Il bande ses muscles, n’arrivant pas à nous démontrer la « vulnérabilité » dont il était question plus haut. Vous ne pensiez tout de même pas que l’argument aurait pu aboutir à réduire l’image d’un homme à une position de victime ?

The new calendar of Gaia, animal rights activists, is out. To defend a,imal rights, it shows naked women in a SM porno-chic style. Be progressive ? Make money in selling women bodies...

De vereniging Gaia geeft deze maand een kalender uit waarop Belgische topmodellen naakt poseren. De vrouwen worden verondersteld de dieren voor te stellen bij de kwellingen die ze ondergaan, maar geven eerder de indruk voor een SM porno chic tijdschrift te poseren. Een mooie uitvlucht, de dierenrechten, om zich aan bloot te vergapen. En Gaia zal het zich allicht niet berouwen : niets brengt beter op dan pornografie.