La plupart des lesbiennes qui ont un projet d’enfant s’adressent à des centres dits de fertilité, dont l’objectif est d’aider les couples souffrant de problèmes de fertilité de parvenir malgré tout à se reproduire. Les lesbiennes, en principe, ne sont pas infertiles. Si elles sont « traitées  » par de tels services, ce n’est pas parce qu’elles ont besoin d’assistance pour être Âinséminées, mais surtout parce qu’elles ont un besoin d’accéder à du sperme. L’insémination proprement dite n’est Âfinalement qu’un service annexe offert par le corps médical de tels Âcentres. Le sperme étant une denrée rare pour la Âlesbienne, autant favoriser les chances qu’il arrive à bon port.
Ce n’est que lorsque l’assistance offerte consiste en une fécondation in vitro, et plus tard qui sait en techniques de clonage, qu’on peut certainement parler de technologie. Pour le reste, la nature fait toujours son travail toute seule comme une grande, et les spermatozo.ides juste injectés là où il faut, font ce qu’ils ont toujours fait (à part salir les draps), soit nager vers la cible que constitue l’ovule. Rien de très technique là-dedans.
Pourtant, le diktat de la norme hétérosexuelle et de la reproduction prétendument naturelle reste très présent dans les pratiques et les discours. La reproduction homosexuelle, essentiellement lesbienne, est un processus très médicalisé et contrôlé qui s’auto-justifie par une prétendue technique réservée aux experts. En réalité, une fois l’accès au sperme assuré, qu’est-ce qui empêcherait un couple de filles ou une femme célibataire, de laisser faire la nature ? En Belgique par exemple, on ne peut commander du sperme gelé dans une banque de sperme et se l’inséminer tranquille à la maison. Raisons éthiques peut-être (mais celles-ci sont surtout pertinentes pour la sélection des donneurs, la vérification et la conservation du sperme), mais sans doute également pour garder un contrôle sur un processus de reproduction, processus naturalisé quand il s’inscrit dans une relation hétérosexuelle mais qu’il est nécessaire de techniciser lorsqu’il est réalisé par une ou deux femmes.
D’ailleurs, lorsque les lesbiennes disposent d’un donneur, certains gynécologues, mais pas tous, proposent de réaliser les inséminations à la maison, sans autre assistance technique qu’une seringue et une bonne dose d’humour. Dans cette hypothèse, ces médecins admettent que leur rôle est surtout d’intervenir si cela ne « marche » pas, comme pour tout autre couple, de quelque sexualité qu’il soit ! De donner sa chance à la nature en somme. La vraie technique qui damerait le pion à la nature serait de permettre à des hommes de se reproduire, seuls ou entre eux, sans qu’un ovule ne soit requis. Même le clonage ne permettra pas une telle avancée, en tout cas comme il est conçu à l’heure actuelle, puisqu’une gestation dans un corps de femme est toujours nécessaire.
On peut donc considérer que ce n’est pas vraiment la technique qui permet à des couples d’homosexuelles de se reproduire, mais une organisation médicale de collecte et de distribution du sperme. La technique n’intervient que pour donner un coup de pouce à la nature lorsque celle-ci n’y parvient pas toute seule mais dans ce cas, elle n’opère aucune discrimination entre les bénéficiaires du progrès médical en la matière.
De quoi nuancer ceux qui s’appuient encore sur la nature pour dénier aux homos le droit de se reproduire. Cela fait bien longtemps que les lesbiennes et les gays ont des bébés sans aucune artificialité, et la reproduction artificielle, sans appui direct sur la relation sexuelle, n’est pas un monopole des homosexuels, loin s’en faut !