J’aime beaucoup Têtu, déjà parce qu’il apparaît spontanément tous les mois sur la table de mon salon (et ne me demandez pas comment), mais aussi parce que les pages « info monde  » sont une mine de renseignements, extrêmement documentés, sur la situation des homosexuels-elles ici et là .
Il y a peu d’autres journaux où on trouvera un point mensuel, en français, sur les avancées et les reculs des droits des gays et des lesbiennes, partout dans le monde.
Pour lire ces pages là, je suis prête à passer sur les pubs pour les saunas, les critiques dithyrambiques des films pornos gay, et les pubs pour bobos gays (courses écolo, cuisine high-tech, assurance vie…). Ce n’est pas ma tasse de thé, les mecs musclés à poils, et en général je fais ‘eurk’ quand je vois la couverture, mais je lis de A à Z les infos, les articles (même ceux sur les films pornos gays, remember, je suis la nouvelle lesbienne, je me fais ma culture de base du milieu homo), et j’irais même jusqu’à confesser en exclu au Scum qu’il m’arrive de lire le courrier des lecteurs, mais c’est sans doute mon côté midinette.
Mais même une nouvelle lesbienne se rend compte très vite qu’il y a un problème avec les pages têtuE de Têtu : même une lesbienne à la culture lesbienne balbutiante ne peut pas croire que les principaux sujets de conversation des lesbiennes sont « que mange la lesbienne », ni « comment trouver l’âme soeur à partir des comportements en terme d’animaux domestiques » (si elle aime les chiens et qu’elle laisse dormir le sien sur le lit, c’est que vous, avec votre chat, vous allez … droit dans les emmerdes).
Est-ce que vraiment un journal pareil n’a pas pu trouver mieux comme journalistes et comme sujets, pour parler des lesbiennes ? Je veux dire, il me semble qu’il y a des lesbiennes célèbres, des actions célèbres, des lieux célèbres… oui, d’accord, beaucoup moins que pour les gays, mais justement, this is the point, y a seulement 4 pages lesbiennes dans Têtu, seulement 4 pages sur 164, alors what, pourquoi ne pas les remplir de choses un chouia plus pertinentes ? Et qui seraient, au moins, correctement écrites ? Même les sondages débiles à la magazine de psycho pour salle d’attente sont mieux faits que ceux de têtuE ! C’est bien simple, chaque fois que je lis têtuE, je remets en cause mon identité sexuelle.
Cerise sur le gâteau, et pas des moindres, le choix de confier une chronique mensuelle à – devinez qui - mais si mais c’est bien sûr – Christine Angot herself, celle qui égalise, d’une phrase, homosexualité et inceste, parce que dans les deux cas, le problème c’est qu’on n’arrive pas à sortir de sa mère… (c’est marrant, j’avais jamais pensé à l’inceste comme ça… ni à ma mère comme ça d’ailleurs…). Et qui explique doctement que le problème, c’est les femmes, qui vous empêchent d’être une femme, et les gens qui ne sont jamais accouchés. (c’était dans Technikart, septembre 2006). Etait-il vraiment indispensable de la prendre, elle, comme chroniqueuse dans un journal homosexuel, alors qu’elle est tellement rebutée par l’homosexualité fémine ?
Heureusement, Têtu parle aussi régulièrement des filles dans les pages généralistes, et plutôt bien d’ailleurs. A tel point que je n’ose pas imaginer, en comité de rédaction, le choix des sujets pour les pages têtuE. Il y a deux solutions : soit les mecs se foutent sans arrêt de la gueule des filles et ça les amuse, le choix des sujets débiles de têtuE, soit ils sont tellement navrés par têtuE qu’ils font ce qu’ils peuvent pour glisser des filles ailleurs dans le magazine… Suivant mon état d’agacement, mon coeur balance, mais c’est un peu comme Lword, on critique, on critique, mais on va quand même pas acheter lesbia magazine ou regarder la cage aux folles, hein, on n’en est pas là non plus !