> Les numéros > Scumgrrrls N° 8 - Automne / Fall 2005

Le DJ-ing, plutôt une affaire de mecs... ?

Il y a quelque chose d’extra avec les femmes DJs ! Peut-être parce que la scène des DJs est tellement dominée par les mecs et que c’est donc tellement rare de voir une femme derrière les platines . Ou peut-être parce qu’elles semblent inaccessibles et intouchables – avec les écouteurs qui les protègent des harcèlements ou des banalités que le public pourrait leur adresser … toutes àleur musique et àla manipulation des disques. Afin de mettre fin ànotre curiosité sur les femmes DJs (comment elles ont commencé, où elles jouent, si les clubs veulent d’elles..), Scumgrrrls a rencontré Nurse – qui entre autres fait du DJing !

Scum : Est-ce que tu te présentes comme DJ, et est-ce que c’est difficile d’arriver à se présenter comme telle ?

Nurse : Oui. Je me présente comme DJ. Mais souvent je précise quand même que je travaille la musique par rapport au contenu. Donc ce n’est pas du DJ-ing classique, la recherche n’est pas uniquement le beat.

Scum : Comment est-ce que tu as commencé à faire du DJ-ing ?

Nurse : Ca fait cinq ans maintenant, et j’ai commencé dans une soirée chez des amis…et puis au cinéma Nova aussi. J’ai acheté une platine et puis j’ai eu une co-locatrice qui avait 2 platines, donc j’ai commencé à mixer.

Scum : Est-ce que tu fais de la musique aussi ?

Nurse : Pas vraiment, et je ne me présente pas comme musicienne… je veux dire que je ne sais pas jouer du piano ou de la flûte. Non, je travaille plutôt avec d’autres personnes, pour des événements et des projets spécifiques. Je suis amie du label Pneu et j’ai participé à deux de leurs projets : ‘Bienvenue’ et ‘Volapük‘.

Scum : Comment est la scène bruxelloise pour les DJ femmes qui ne veulent pas se lancer dans l’organisation de leurs propres soirées ? En un mot, c’est comment d’être DJ femme à Bruxelles ?

Nurse : Horrible….Il y a qu’un mot : Horrible. À part l’association Constant, qui eux en font vraiment un sujet de réflexion et de travail, et les Girly Moondays, la plupart des organisateurs travaillent rarement avec des DJs féminins et utilisent cela plutôt comme un concept. Par exemple, ils utilisent souvent des titres débiles du genre « qu’est-ce que les filles ont apporté à la techno ? ». Ils invitent de temps en temps (une fois par an) une ou deux filles, qu’ils font jouer entre un ou deux mecs... Navrant ! Le DJ féminin reste, en Belgique, une rareté que ça soit dans les clubs ou les festivals, et lorsqu’elles sont présentes, c’est qu’elles sont vraiment connues et qu’elles ont sorti au minimum un disque qui s’est bien vendu. Souvent les programmateurs ne pensent pas à l’importance de la mixité, pour eux les filles DJ passent de la mauvaise musique ou ne savent pas mixer. Le problème, c’est que s’il n’y a pas de représentantes féminines dans le DJ-ing, les jeunes qui poussent derrière n’ont que des exemples masculins comme modèles. C’est d’emblée un problème. Mon DJ préféré à Bruxelles, c’est une fille - DJ Lucifera. Elle aussi elle dit que c’est difficile ici…du moins plus difficile qu’à Berlin par exemple, où il y a beaucoup de femmes DJ.

Scum : Est-ce que ça existe des DJ féministes ?

Nurse : Oui ! Attends…est-ce que ça existe…Je crois que je suis une DJ féministe. Mais puis j’ai des fois où je me dis que je ne suis pas féministe...mais si quand même ! En tout cas, les DJs féminins parlent souvent de leur condition de femme derrière les platines... par exemple Miss Kittin sur son site,...Monika Kruse et Gudrun Gut...et Terre Thaemlitz qui en fait son sujet de travail.

Want to know more about Nurse… www.pneu.org

Conclusion :Il semble que le DJ-ing reste une affaire plutôt de mecs – du moins à Bruxelles ! Faute de lieux qui donnent une place aux DJs femmes, il y a des groupes des femmes à Bruxelles qui ont débuté leurs propres soirées – des espaces où la musique est mixée par (et plutôt aussi pour) des femmes :

- Girly Moondays : www.moonday.org
- Mega-top-biches : www.mega-top-biches.org

Des féministes flamandes organisent des Fiesta Feminista (à Anvers et àGand) avec de la musique de femmes mixée par des femmes. Il y a sans doute d’autres favorites qui ne sont pas mentionnées dans ce bref article. N’hésitez pas ànous les signaler, et nous ferons une liste de nos meilleures femmes DJs !

EN

There is something special about women DJs. Maybe because the DJ scene is so dominated by men and that it is so rare to see a woman ‘up there’. To put a halt to our curiosity about women DJs (how they started, where they play, if anyone is supporting them..) Scumgrrrls met Nurse – one of those woman DJ’s.

NL

Er is iets speciaals aan vrouwelijke DJs. Misschien omdat de DJ scene zo gedomineerd wordt door mannen en dat het zo zeldzaam is een vrouw ’daar boven’ te zien. Om onze nieuwsgierigheid over vrouwelijke DJs te bevredigen (hoe begonnen ze ermee, waar spelen ze, is er iemand die achter hen staat...) ontmoette Scumgrrrls een van hen : Nurse.