Unanimement applaudi par la critique, « Le fils » est
incontestablement un film réussi : intense, cohérent,
efficace, riche thématiquement et ouvert à des lectures
multiples. Est-ce pour cela qu’aucune voix discordante
ne s’est élevée dans le concert des louanges ?
Ou bien faut-il conclure à l’indécrottable aveuglement
devant le -toujours vivace- phallocentrisme ? Aije
été la seule à subir la rare violence de ce film ?
Violence d’une caméra qui nous contraint, pendant
près d’une heure, à une traque permanente. Violence
d’un montage saccadé qui ne nous laisse aucun répit.
Et au-delà de la violence formelle, l’autre, symbolique
celle-là , et tout aussi meurtrière, celle de l’exclusion
radicale du féminin. Un déni définitif sur le double
mode de l’oblitération et du dénigrement. Telle est
ma lecture, celle d’une cinéphile féministe hérissée
par l’insidieuse et incessante colonisation patriarcale
de notre imaginaire.